Tendres nous.

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Il y a des sons qui parfois me transportent, tirent des émotions fortes enfuies en moi. Un jardin secret qui se révèle à l’âge qui avance, qui m’échappe. J’écoute Rachid, le son : « mots croisés » ravive le souvenir, évoque le passé, rend hommage à ce qui rend heureux. Sa douceur m’apaise, je pense à vous, je pense à nous quand nous étions mômes. Ca va paraitre ridicule mais beaucoup des habitudes qui animaient mes journées d’avant me manquent. J’ai eu une enfance facile, privilégiée. Elle a, certes, connu son lot de difficultés, des gens précieux sont maintenant absents, seules les traces de leur importance à mes yeux subsistent, pas un jour ne passe et ne passera sans eux. Je voulais évoquer aujourd’hui ce que j’ai vécu un temps et ce qui est perdu aujourd’hui. Ce moment délicieux du retour de l’école primaire le midi, Duch’ part chercher le ballon, un parking, 4 bouches d’égouts, les sacs jetés sur le dessus font office de poteaux de buts. Les équipes se forment, nous jouons ensemble sur le bitume, essayons d’imiter nos idoles. La joie de marquer, les sourires sur nos visages, la partie prenait fin quand mon père rentrait du travail. Un signe de main et je rappliquais manger. Ma mère avait préparé le repas, je mangeais et repartais aussitôt. Notre innocence me manque. A 5 ans, je me souviens de Bruno venant frapper chez moi pour proposer à mes parents, que j’intègre l’équipe de débutants de l’Etoile Sportive. Aujourd’hui j’y pense, ces moments sont gravés à jamais, je connais chaque bordure de trottoir de mon quartier par cœur. ‘La bordure’ qu’on l’appelait. On passait des heures à essayer d’envoyer la balle sur le rebord du trottoir d’en face en espérant qu’il la frappe et nous revienne. Le premier à 10 gagnait le droit d’affronter le suivant. Les gamelles jusque pas d’heure, quand j’y pense le jeu était incroyable. Un cache-cache géant dans le quartier et un objectif en tête. Pas de décompte pour le chercheur, quelqu’un frappait dans un ballon pour le propulser le plus loin possible, les autres courraient pour se planquer. Avancer à pas de loups jusqu’à pouvoir retirer dans le ballon et recommencer encore. Les tours de vélos organisés, départ en face de chez moi, passer par l’hôpital rue du Dr Schouller, descendre la côte de la rue profonde, grimper par la rue d’Helfaut, bifurquer sur la rue de l’espérance, longer la Grise-borne puis finir par un tour complet de la rue du Stiennart. Les tennis-ballons, les parties de tennis des étés tant désirés. Les entrainements de tennis de table, les entrainements de football, les championnats, nos victoires, nos échecs. Un jour, le soleil se couche et on se prend à regretter de ne pas avoir apprécié cette dernière lueur, cette dernière trace, orangée, écarlate, immarcescible qu’on a tous partagée, cette fin de partie, la dernière. Comment faire en sorte que le regret ne supplante pas ces instants ? L’échapper est bien trop facile, tomber le tout dans l’oubli est tellement triste. Rien n’aura plus jamais la même saveur. Putain, c’est loin et c’était bon, ce présent me rappelle souvent à ces moments simples, merde c’est passé vite, trop vite. tendres nous. Profitez mes amis. La bise.

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