La decouverte

Nous descendions Anna et moi, de l’avion après avoir survolé l’Atlantique, traversé l’atlas, contemplé les dunes Sahariennes, survolé bateaux et pirogues, atterri sur un tarmac brûlant qui finissait par nous mener à l’aéroport. 

Le mercure atteignait les 32 degrés, l’air sec et sableux s’engouffrait dans nos narines, une couche de particules poussiéreuses (sable, ciment) voilait les cieux dénués de nuages. Nous passions les contrôles de sécurité enfin pour la première fois j’allais découvrir l’Afrique. 

Les parents de Anna nous attendaient à la sortie de l’aéroport, une première tentative de troc, art perdu en Europe, où l’échange verbal se fait oublier au milieu des diverses politesses de circonstance, s’effectuait pour échanger la monnaie. Du dollar canadien au franc CFA. L’acheter a un prix raisonnable était et demeure une négociation subtile à laquelle les deux parties s’adonnaient en wolof. Je ne comprenais pas l’intégralité de l’échange mais il n’y aurait pas de transaction cette fois là. Le cour du dollars canadien était de 500 francs pour 1 dollars canadien. Les acheteurs le voulaient pour 450, Anna le voulait pour 490. Nous entrions alors dans le véhicule et quittions les lieux. L’art de la négociation est de rigueur chez les lions, la méfiance itou.  Pendant ce temps là, le vent  faisait tourbillonner cheveux et poussière d’échappement dans l’air lourd et pesant de la mi-mai. Saison sèche au Sénégal.

Nous entamions la route de Ouakam, quartier dense dakarois, direction la cité comico, anciennement réservée aux militaires sénégalais, sur le trajet une chose me frappait : le développement.  Dakar prend un second souffle, puisqu’elle est rude et dense, elle s’étendait pour se désengorger. Les engins étaient nombreux, les constructions se comptaient par milliers, le chantier s’étalait sur des dizaines de kilomètres martelant la terre rougeâtre, le ciment grimpait parfois jusqu’à 20 mètres ou plus, soulevant dans le ciel enflammé un smog opaque très particulier. 

Nous fîmes escale au Djolof Chicken afin de goûter au poulet cuisiné à la sénégalaise grillé après une longue marinade, mélange harmonieux d’épices en tout genre. Puis nous  reprîmes notre chemin direction Ouakam. Entrer dans la cité n’était pas chose aisée, conduire à Dakar a un prix, celui de l’attention, du réflexe et surtout du toupet. Il en faut pour se frayer un chemin, la circulation est intense, le code de la route est un commun accord entre locaux, ici tout se mélange et tout se vaut, de la corsa, en passant par la Renault 19, la Peugeot 405, la Toyota Corolla, les routes avaient des airs d’années 90 en Europe. Il y avait aussi dans les rues les chevaux qui tiraient des charrues emportant avec eux de jeunes travailleurs blanchis par le ciment revenant d’une dure journée de labeur. 

Les marchands ambulants faisaient partie intégrante du décor, ils y vendaient à la corde des centaines d’articles différents, couple ongle, kit pour barbe, draps, ventilateur, chaussures, noix de cajou, c’est parfois surprenant, tout s’y troque pour quelques francs, les livres se photocopient et s’échangent pour 3000 francs. la Nike connaît un succès égal à celui de l’Occident, étalée dépareillée sur les trottoirs ensablés de la ville. En remontant l’avenue, pris dans une cacophonie de klaxon, des milliers de personnes défilaient, les gens y étaient vêtus de merveilleux tissus colorés, travaillés par les tailleurs de la cité. les rues sont pleines de rires, de disputes, d’inquiétudes, de joies et de tristesses en soit de vie. Nous arrivions à Ouakam, cité comico. 

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